● feat. Yuri Plisestky ●
▪▪▪ Le dessert se conclut - un excellent repas qu'il ne regrettait pas. Que ce soit par la présence de son camarade, ou bien par le contenu de son assiette désormais vide. Et tant pis si la fatigue commence à le tirailler ! D'ailleurs, il ne peut réprimander un baillement qu'il cache derrière sa main. La fin du repas connote certes leur séparation, mais une nouvelle rencontre : son lit.
Après un petit silence, Yuri pousse la chaise pour se lever - Otabek l'imite, enfilant sa veste sans dire un mot. Il n'y a plus qu'à aller payer - il cherche du regard le comptoir, qu'il repère rapidement. Il sort un porte monnaie en cuir noir de sa poche, assez récent - un petit cadeau de la part de sa maman. Ca change bien de son ancien qu'il avait récupéré dans un vieux tiroir, où d'autres vieilleries trainassaient.
Et lorsqu'il l'interroge au sujet de l'addition, le kazakh ne lui répond pas immédiatement, se dirigeant dans un mot vers la finalité de ce repas. Si ça l'aurait dérangé, ne serait-ce qu'une seconde, il n'aurait jamais proposé l'invitation au jeune russe. Quant à agir en tant que profiteur, le patineur en était bien loin.
Il salue la caissière, lui indiquant leur commande, et cette dernière lui montrant le prix sur le ticket - elle a bien compris qu'il n'était pas originaire d'ici, et au lieu de le faire galérer à comprendre les chiffres, elle passe par l'option la plus simple et la plus rapide. Intérieurement, il la remercie. Bien qu'il ait des notions d'anglais où il parvient à se débrouiller, il n'en est pas pour autant bilingue... et il faut l'avouer, parfois, avec leur accent, ces américains sont un peu durs à comprendre.
«
Par carte, » dit le brun, la montrant. «
Bien sûr que ça ne me dérange pas. »
Une fois le paiement fait, ils quittent tout deux le restaurant - l'air s'est considérablement rafraichi. Les deux compères se dirigent vers la moto, et Otabek tend un des casques à son vis-à-vis.
«
Il faudrait juste que tu m'indiques où se trouve ton hôtel. »
Et puis, en plus de ça, il pourrait venir le chercher la prochaine fois. Imaginons, pour se rendre à la patinoire, ou pour une autre petite sortie. Ah, ça, il ne dirait pas non.
--------------
La route est un peu longue - notamment parce qu'Otabek a eu un peu de mal à retrouver son chemin. Chercher du coin de l'oeil les restaurants a un peu dérangé sa concentration sur la route. Mais une fois qu'il a retrouvé la patinoire, le reste fut un peu plus simple.
Arrêtant sa moto devant l'entrée de l'hôtel, il coupe le contact, et enlève son casque pour le poser sur le siège, rangeant celui de Yuri dans le coffre. Et voilà, un premier
au revoir. Aujourd'hui, il ne sera pas conoté à un "à dans plusieurs mois, dans un futur inconnu". Aujourd'hui, il ressemblera à un "à demain, à dans quelques jours."
C'est fou ce que ça peut changer la done. Ceux là ne sont pas douloureux. Ils sont presque agréables.
Alors, un peu maladroitement, il attrape le poignet de Yuri. Histoire de saisir sa main entre les siennes, comme s'il cherchait à les réchauffer.
C'est un peu surprenant de sa part. Mais c'est un contact qui lui semble soudainement nécessaire. Un peu pour se rassurer que tout cela n'est pas un rêve ? Non, trop romantique. Non, parfois, on a juste envie de quelque chose de précis, de pas habituel, et on le fait sur un coup de tête. Et bien lui, il a eu envie de lui prendre la main.
«
Merci pour cette soirée. »
Il a une grimace. Ca tourne un peu trop vite dans sa tête pour pouvoir faire un semblant de sourire, en plus de tenir sa main et de le remercier.
Alors il le lâche, sa mimique étrange se transformant en quelque chose de bien plus rassurant.
«
Au revoir, Yuri. »
Voilà.
Il se recule, comme pour l'inciter à partir, mais attend de le voir disparaître derrière les portes pour remettre son casque sur la tête, et filer dans la nuit. Le coeur lourd, mais pourtant si léger.