{ rp terminé } Abandonner ou continuer à lutter ? [ Yuri Katsuki ~]

Abandonner ou continuer à lutter ?

○ feat. Yuri Katsuki ○

●●●Jamais la fin d’une compétition lui avait laissé un gout si amer. Viktor Nikiforov n’était pas un patineur accoutumé à la défaite. Il aurait pu compter sur les doigts d’une seule main le nombre de fois où un podium lui avait filé entre les doigts. Lui qui avait tellement l’habitude des hauteurs offertes par la première place des podiums avait du mal à accepter de voir Yuri ailleurs que sur cette marche qui aurait pu être la sienne. Mais voilà, la médaille d’or n’était pas entre ses mains. La médaille d’argent non plus…. Pas plus que celle de bronze d’ailleurs. Yuri était là, juste après, à la place la plus indésirable qui soit. Tellement prêt du podium qu’il aurait pu l’effleurer du bout de ses doigts. Et tellement loin aussi qu’il devait lui paraitre soudainement bien inaccessible….

Quatrième….

Viktor n’avait jamais cessé de croire en son patineur. Il avait tout fait pour lui redonner confiance en lui. Il l’avait poussé de toute la force dont il était capable. Il l’avait encouragé, épaulé, consolé, rassuré…. Et tout ça pour quoi ? Une place de quatrième….

Est-ce Yuri avait été mauvais ? Est ce qu’il s’était planté sur ses programmes ? Même pas… S’il était tombé, s’il avait été épuisé au point de manquer ses sauts, si c’était l’interprétation qui ne convenait pas… Tout cela aurait pu être des excuses valables permettant d’accepter cette défaite nauséabonde. Mais même pas. Il était impossible de se cacher derrière ces prétextes parce qu’aucun ne tenait la route. Yuri avait été parfait…. Un sans-faute sur le programme court et une main posée sur le quadruple flip placé en seconde partie du programme libre. Son interprétation avait été sidérante. Viktor en avait frémit d’excitation quand leur regard s’étaient une nouvelle fois croisés sur la musique de Eros.

Non…. Yuri n’avait simplement pas réussi à évincer ses adversaires. Qui aurait pu prévoir que Otabek décrocherait l’or ? Personne… Viktor lui-même ne l’avait pas vu venir. Ce patineur, avait été métamorphosé ! Il avait coupé l’herbe sous le pied de tout le monde. Son interprétation fut divine. Elle était sublimée par une chorégraphie fabuleuse qui lui convenait en tout point. Que dire de JJ et Chris respectueusement sur la seconde et troisième marche du podium ? Ils avaient été éblouissants. Jamais un Grand Prix n’avait connu une telle adrénaline et un tel niveau de technique et de perfection….

Durant toute la cérémonie de remise des prix, Viktor avait gardé les poings serrés. Il les avait crispés si fort que s’en était devenu douloureux. Une façon comme une autre de se maintenir éveillé et de réaliser que toute cette mascarade n’était pas qu’un cauchemar….

On avait beau dire ce qu’on voulait. C’était peut-être Yuri qui s’était classé à la quatrième place mais Viktor partageait lui aussi cette position. C’est trop facile d’incriminer seulement le patineur. Le coach était tout autant responsable. Après tout, si Yuri n’avait pas pu être à la hauteur c’est peut être parce que lui, le grand Viktor Nikiforov, n’avait pas été capable de le hisser à la meilleure des place.

Qu’est ce qui n’allait pas ? Qu’est ce qui, dans sa façon d’entrainer Yuri, avait posé problème ? Est-ce leur relation si étroite et particulière qui bien souvent leur fut reproché ? Est cette compassion qu’il éprouvait pour lui et qui l’avait empêché de se montrer plus dur et autoritaire à son égard. Il avait toujours songé qu’avec son hypersensibilité il ne servait à rien de se montre trop rigide avec Yuri. Mais il avait peut-être eut tors. Si Viktor s’était montré inflexible dès le départ, Yuri aurait peut-être progressé davantage.

Le regard turquoise du russe tomba sur l’anneau doré qui encerclait l’annulaire de sa main droite. Une amulette…. Un porte-bonheur…. N’importe quoi, voilà le résultat ! Ce n’était qu’un vulgaire anneau de métal qui ne lui avait pas davantage porté chance qu’il en avait apporté à Yuri !
Mais à peine venait-il d’avoir cette pensée que Viktor la regretta aussitôt. Il porta sa main contre son cœur et posa sa main gauche dessus comme pour protéger cet anneau. Ce n’était pas qu’un vulgaire morceau de métal. C’était plus. Beaucoup plus. Oui… ça ne leur avait pas porté chance mais au delà de ça, ce bijou représentait toute la confiance que Yuri avait placé en lui. C’était un gage d’affection bien plus qu’un gage de chance…. Pour Viktor, ce bijou était la chose matérielle la plus précieuse qu’il possédait. Là où tout le monde se plaisait à rire sur son passage pour oser se prétendre coach sans en avoir l’étoffe, Yuri, lui, lui vouait une confiance absolue sans jamais remettre en doute ses décisions…

Un long soupire s’échappa des lèvres de Viktor avant qu’il ne se laisse tomber assis sur son lit puis allongé sur le dos. Les bras en croix de chaque côté de son corps laissant pendre ses mains dans le vide. Il ferma les yeux et essaya de se focaliser sur tous les évènements qui avaient eu lieu depuis la veille.

Yuri avait refusé d’être présent lors de la remise des prix. Personne ne pouvait lui en vouloir. Ni Viktor, ni les autres. Comment ne pas se sentir responsable de sa tristesse et de sa déception ? L’ex patineur russe n’avait eu de cesse de lui répéter qu’ils arriveraient ensemble jusqu’à la médaille d’or. Yuri avait dû y croire. Il avait dû espérer. Il avait dû toucher du bout du doigt ce rêve qu’il convoite depuis de longues années. Et en définitive… il n’avait rien du tout. Il n’avait même plus de reconnaissance…. Il ne récoltait que des affronts et de la rancune. Il se heurtait aux critiques de la presse spécialisée qui le pointait du doigt en lui demandant de libérer une bonne fois pour toute Viktor…

Pour la première fois de sa vie, Viktor était tout aussi paumé que son poulain. Harcelé par la presse, il n’arrivait plus à faire face aux nombreuses accusations et aux suppliques incessantes de le voir reprendre les patins. Dans sa tête tout tournait à mille à l’heure. Reprendre le patinage était-ce la solution pour sauver sa carrière ? Mais Yuri dans tout ça ? Il devait l’abandonner et le laisser retourner auprès d’un autre entraineur plus expérimenté ?

Viktor leva sa main droite. Ses yeux se rouvrirent alors qu’il regardait l’anneau doré qui brillait à son doigt. De sa main gauche, il vint saisir le petit anneau qu’il fit glisser pour le retirer complétement de son doigt. Il devait peut être laisser Yuri continuer sa carrière sans lui, avec un vrai entraineur…

Deux petits coups timides furent frappés à la porte de sa chambre. Viktor posa l’anneau sur le rebord de sa table de chevet provisoire avant de se relever. Il était encore fatigué. Il ne savait pas l’heure qu’il était mais il avait la certitude que c’était trop tôt…. Le banquet de célébration de la fin du Grand Prix avait eu lieu cette nuit. Il avait été beaucoup moins animé que celui de l’année passée… Viktor n’aurait pas su dire si c’était un mal ou un bien. L’année passée, ils avaient bien rit, tous s’étaient bien amusés. Yuri inclus. Cette année…. Viktor était resté un peu à l’écart, trop tourmenté par la multitude de questions qui ne cessaient de l’envahir. Du coin de l’œil il surveillait Yuri, lui aussi assez isolé, sans pour autant aller le rejoindre. Il avait besoin de faire le point… et il avait besoin de le faire seul.

Trainant un peu les pieds, son joli regard mangé par des cernes grisâtres qu’on ne lui connaissait pas, Viktor se dirigea vers la porte. Il la déverrouilla et l’ouvrit. De l’autre côté se trouvait Yuri…. Viktor n’était pas surpris. Il n’y avait que lui pour frapper à la porte de cette façon si timorée.

Il lui adressa un sourire avant d’ouvrir en grand pour l’inviter à rentrer

« Déjà levé ? Je pensais que tu voudrais profiter de cette journée pour te reposer. Tu l’as bien mérité… »

Il referma la porte en prenant soin  que fasse le moins de bruit possible pour ne pas déranger leurs voisins de couloirs qui devaient encore dormir à poing fermé

« Tu voulais me parler Yuri ? »

« Pourquoi lutter ? »

Abandonner ou continuer à lutter ?

○ feat. Yuri Katsuki ○

●●● Jamais Viktor n’avait ressenti avec autant de force l’envie de s’évader et d’aller patiner. Cloitré entre les quatre murs de sa petite chambre d’hôtel il avait l’impression d’étouffer sous le poids des interrogations qui ne cessaient de le tourmenter. Avait-il été un bon entraineur pour Yuri ? Est-ce que cet échec – parce que s’en était bien un – signalait la fin du chemin qu’ils avaient parcouru ensemble ? Est-ce que sa carrière professionnelle devait s’achever ici, au pied d’un podium sur lequel Yuri n’avait pas pu monter ? Ou est ce qu’il devait donner raison au restant du Monde en remettant les patins pour achever sa vie de patineur en apothéose ? Toutes ces questions étaient légitimes mais les réponses manquaient à l’appel.

Patiner….. Il en avait envie. Il en avait besoin aussi. Il aurait donné l’importe quoi pour partir d’ici et rejoindre son lac d’autrefois sur lequel il allait avec son Papa. Le vent de Russie serait venu chatouiller son visage et fouetter ses cheveux. Il aurait senti la glace craquer de façon menaçante sous la lame de ses patins. Il aurait vu ce manteau de givre recouvrir le magnifique paysage de son pays natal. Un jour, peut-être, il ferait découvrir tout ça à Yuri….

Mais pour le moment, le patineur japonais venait d’entrer dans sa chambre avec timidité. Viktor n’avait pas besoin de l’entendre dire quoique ce soit pour savoir l’état dans lequel il se trouvait. Ca ne faisait que quelques mois qu’ils avaient appris à se connaitre mais le russe pouvait se vanter d’avoir réussi à le cerner mieux que quiconque. Il savait qu’à ce moment même, Yuri était plongé en plein désarroi. Il le savait noyé, tout comme lui, sous un flot incessant de questions toutes plus affreuses les unes que les autres… Yuri souffrait, c’était une évidence. Comment aurait-il pu affronter tout ce qui venait de lui tomber sur le coin du nez ?

Ha la presse s’en donnait à cœur joie. Ils jubilaient, ces gratte-papiers, ces porteurs de misère, ces colporteurs de la souffrance des gens. Viktor avait beau être habitué à faires les gros titres il était malgré tout impacté par ce qu’il avait vu filtrer sur les pages des journaux ou sur celles des réseaux sociaux. Yuri était trainé dans la boue sans aucun scrupule. On l’accusait de tous les maux. On le disait médiocre. On le disait égoïste. On le disait vaniteux. On l’accusait d’avoir amputé le patinage artistique de son plus brillant élément… Tout cela ajouté à la déception et à la culpabilité qu’il devait ressentir, Yuri aurait certainement eut envie de se terrer dans un trou de souris.

Et pourtant, il était là, debout dans la chambre d’hôtel de son entraineur. Son visage paraissait moins éclatant qu’à son habitude. Ses yeux fatigués évitaient soigneusement de croiser le regard turquoise de son ainé. Il se dégageait de lui une impression d’extrême fragilité. Viktor avait songé qu’une simple pichenette aurait plus pu le briser en mille morceaux, comme s’il était fait de cristal. Le malaise de Yuri était le reflet de son propre malaise à lui…. Tout comme son protégé, Viktor sentait une boule poindre dans son estomac. Il avait envie de vomir tout son dégout pour les gens qui se plaisaient à massacrer Yuri plus qu’il ne l’était déjà. Ne voyaient-ils pas ? Tous, ne voyaient-ils pas l’état dans lequel il était ? Ce n’était pas de maux poignants et accusateurs dont Yuri avait besoin. C’était de soutient, de compassion, d’affection, de tendresse ! Autant de chose que Viktor était pourtant incapable de lui offrir à cet instant présent….

Yuri était nerveux. Il n’y avait que lorsqu’il était stressé qu’il se mettait à parler rapidement sans réussir à s’arrêter. Ses pensées devaient sans doute s’entrechoquer dans son esprit ce qui rendait ses propos à la limite de la cohérence

« Ah euh oui... Mais si je dérange ça peut attendre plus tard. Ou quand on sera rentré à Hasetsu. Enfin je veux dire si tu rentres.  »

Viktor fronça les sourcils mais ne pipa mot. Il se contenta de le regarder avant que le jeune patineur ne poursuivre sur la lancée

« Enfin, ce n'est pas obligé. On pourrait simplement t'envoyer tes affaires. Mais il faudrait tout de même venir chercher Makkachin, le pauvre risque de ne pas comprendre sinon.  »

Là, pour le moment, le seul et unique qui ne comprenait pas, c’était Viktor. Pourquoi Yuri parlait-il de renvoyer ses affaires ? Est-ce que c’était sa façon à lui de lui faire comprendre qu’il ne le désirait plus à ses cotés comme entraineur ? Ouch… Ça fait mal…. Beaucoup trop mal…. Ça lui renvoyait en pleine face son incompétence. Viktor ne pouvait pas en vouloir à Yuri après tout. Il avait été incapable de l’aider à se hisser sur le podium. Yuri devait sans doute désirer plus que quiconque s’entourer du meilleur des entraineurs pour réussir enfin à toucher l’or. Et le meilleur des entraineurs… ce n’était pas Viktor.

Essayant de se redonner un peu de contenance, le russe s’approcha de son lit et il tira la couette pour le remettre dans un état décent. Il avait toujours eu horreur des lits défaits. Les femmes de chambres reviendront tout remettre en ordre mais en attendant refaire le lit lui occupaient les mains et l’esprit. Pendant quelques minutes en tout cas…

La voix de Viktor rompit le silence et les mots qu’il prononça le surprire lui-même

« Inutile de les faires envoyer…. Je viendrai les récupérer en même temps que Makkachin… »

Makkachin… Son chien lui manquait. Il avait envie de se serrer dans ses bras et d’enfuir son nez dans son pelage doux et frisé en quête de réconfort tant désiré…

A quoi bon vouloir rester l’entraineur de Yuri si ce dernier ne voulait plus de lui ? Il avait pourtant espéré que le patineur japonais serait davantage attaché lui. Mais il le congédiait sans même avoir le courage de le dire à haute voix. Il avait préféré lui faire comprendre d’une façon détournée. Dans un sens comme dans l’autre, la douleur ressentie par l’entraineur aurait été la même. La déclaration faite deux jours plus tôt à la Sagrada Familia paraissait bien lointaine. Tout comme cet anneau doré qui reposait sur la table de chevet de façon narquoise.

« Et toi Yuri ? Que vas-tu faire maintenant ? »

Pas l’abandon…. Tout sauf l’abandon…. Viktor refusait d’accepter cette possibilité. Ça serait trop facile… Si Yuri abandonnait, il donnait raison à la presse, à ses détracteurs… Si Yuri abandonnait, tout ce qu’ils avaient construit ensemble aurait vraiment servi à rien. Juste une perte de temps….

Viktor serra les poings sans même s’en rendre compte. Ses yeux se plissèrent.

« Pourquoi lutter ? »

Abandonner ou continuer à lutter ?

○ feat. Yuri Katsuki ○

●●●Les poings crispés, Viktor attendait de savoir quelle était la raison de la venue de Yuri dans sa chambre. Sans toute n’avait-il pas digéré la défaite subie la veille. Ah ce qu’elle était douloureuse cette défaite. C’est plutôt le fait d’avoir pu caresser l’espoir d’une victoire qui rendait cet échec encore plus amer. Depuis l’annonce du classement final, Yuri et lui n’avaient pas eu le temps de parler de tout ça. Pas eu le temps…. Ni le courage…. Ni la force…. Viktor avait vu Yuri s’enfuir en pleurant et il n’avait rien fait pour aller le consoler. Qu’aurait-il pu lui dire ? Qu’il était désolé ? Que ce n’était pas lui le fautif mais que la responsabilité incombait entièrement a l’entraineur incapable d’avoir su faire de son élève le meilleur patineur qui soit ? Comme si tout cela allait apaiser le chagrin de Yuri… Ce n’était qu’un coup d’épée dans l’eau. Alors Viktor avait préféré choisir le silence et l’éloignement. Yuri devait lui en vouloir tellement….

Durant le banquet, chacun était resté dans son coin. Yuri avait quitté la fête relativement tôt. Viktor, lui, était resté tardivement sans réellement profiter des festivités. Etre ici à pouvoir regarder les gens qui l’entouraient ou être dans sa chambre seul à se morfondre, il avait choisi la première option. Et il avait eu raison. Car dès qu’il eut rejoint la chambre de l’hôtel, les souvenirs épouvantables de la journée revenaient le hanter tel un cauchemar incessant. L’espace d’une fraction de seconde, il avait songé aller frapper à la porte du japonais. Puis il s’était ravisé, pensant qu’il valait mieux affronter tout ça à tête reposer. Ne dit-on pas que la nuit porte conseil ?

Et bien la nuit est une mauvaise conseillère !!! Yuri n’était pas venu ici pour parler de leur avenir. Il était venu pour faire comprendre à Viktor qu’entre eux tout était fini. Leur collaboration appartenait au passé tout comme l’étroitesse de leur relation qu’ils avaient réussi à nouer. Le patineur russe était bouleversé. De nouvelles interrogations venaient s’ajoutaient à celles qu’il avait déjà. Qu’est ce qui avait conduit Yuri vouloir se séparer de lui ? Est-ce qu’il songeait, comme les médias et le reste du monde, que Viktor était un mauvais entraineur et que sa place devait rester sur la glace ? Est-ce que Yuri regrettait d’avoir passé tous ces mois en sa compagnie ?

Les yeux baissés, Viktor n’avaient pas d’autre choix que d’accepter la sanction. Il n’avait pas réussi à tenir sa promesse. Celle de le conduire jusqu’à la médaille d’or. Il était donc mal placé pour exiger de rester à ses cotés une saison supplémentaire. Yuri voulait qu’il aille récupérer ses affaires à Hasetsu ? D’accord… Viktor le ferait tout comme il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour essayer pitoyablement de se faire pardonner.

Mais lui, Yuri, qu’allait-il faire maintenant ? Quel serait son prochain entraineur ? Il venait à peine de poser la question que la réponse du patineur lui revient en pleine face tel un boomerang. Viktor était saisi par le ton glacial employé par le brun. Des mots froids, poignants, blessants, soutenus par un regard perçant et menaçant. Jamais Viktor ne lui avait connu une telle expression. Jamais Yuri n’avait osé le regardé ainsi ou lui parler d’une telle manière. Le russe était pétrifié, incapable de trouver quoi répondre à un tel élan de colère… de haine presque.

« Pourquoi ? Qu'est-ce que ça peut te faire ? »

Comment ça «  qu’ est ce que ça peut faire ? » ? Il n’avait même pas le droit de poser une simple question pour s’intéresser à son avenir ? Yuri était furieux à ce point là contre lui ? Viktor avait beau être quelqu’un de nature très calme et posée, il n’en demeurait pas moins qu’il y avait des limites à ne pas franchir. Et là, Yuri s’en rapprochait dangereusement.

« À moins que tu ne souhaites un opposant facile pour ton retour sur la glace ? Quoi de mieux pour un retour triomphal que d'enfoncer son ancien protégé. Tu prouverais de nouveau à tous ton talent. »

Et bim ! Voilà, la frontière venait juste d’être traversée ! Les yeux de Viktor se foncèrent alors qu’il adressa son regard le plus assassin à un Yuri vindicatif comme jamais.

« La vie doit être tellement belle lorsqu'on est le chouchou de tous. »

Quoi ??? !

S’en était trop !! Viktor le regarda se rapprocher de la porte de la chambre. Oh que non !!! Il n’allait certainement pas lui claquer de telles paroles et s’en aller tranquillement comme si de rien était. C’était trop facile !

En quelques enjambées, Viktor parcourut l’espace qui le séparait de la porte. Il se positionna pile entre elle et Yuri pour l’empêcher de partir. Le regard du russe était courroucé et son cœur pulsait dans sa poitrine.

« Mais de quoi tu me parles là ? Tu crois quoi ? Qui te dis que je vais retourner sur la glace ? T’écraser pour faire un retour triomphal ? Laisse-moi rire ! Il n’y a aucun mérite à dépasser un patineur tel que toi ! C’est même trop facile ! Tu as qu’a demander à ceux qui étaient sur le podium hier tu verras ce qu’ils te répondront ! »

Les mots n’étaient que rage pure. Rien de ce qu’il avait prononcé n’était pensé. Il avait sorti tout ça sous l’impulsion du moment. Mais loin de réussir à reprendre contenance, Viktor poursuivit sur sa cruelle lancée

« C’est facile de me congédier parce que tu t’es planté. Tu crois peut être que je suis le seul responsable de ton énième échec ? Jusqu’à preuve du contraire, c’est toi qui avait les patins aux pieds ! C’est toi qui avait ton destin entre les mains ! »

Fulminant comme jamais, Viktor n’arrivait plus à stopper le flux de ses paroles

« Tu parles d’être le chouchou ? Vas-y ! Jalouse-moi autant que tu veux ! En attendant j’arrive à passer un quadruple flip sans me planter ! Peut être que si c’était aussi ton cas, on n’en serait pas là ! »

« Pourquoi lutter ? »

Abandonner ou continuer à lutter ?

○ feat. Yuri Katsuki ○

●●●On aurait pu compter sur les doigts d’une seule main les rares fois où Viktor s’était mis en colère depuis qu’il était né. Sa nature calme faisait qu’il préférait toujours prendre les problèmes avec positivité plutôt que de laisser l’énervement l’emporter. La colère était un sentiment qu’il détestait parce que lorsqu’il entrait dans cet état il n’arrivait plus à se maitriser et c’était bien là ce qu’il désirait plus que tout éviter.

La dernière fois où Viktor avait été dans un tel état de rage, c’était à la mort de son papa. Ce dernier avait été fauché par une voiture folle alors qu’il se promenait tranquillement dans les rues de St Pétersbourg. Et le chauffeur de la voiture, lui, était toujours en vie. C’était injuste ! C’était révoltant ! Et cette injustice exacerbée par la souffrance qu’il ressentait de perdre un être si précieux l’avait poussé à ressentir une rage et une haine jusqu’à présent inégalée

Aujourd’hui c’était la même chose. C’est parce que Yuri l’avait rejeté avec tellement de force que Viktor s’était laissé submerger par la colère. Il avait laissé son incompréhension prendre le dessus. Tout son corps s’était raidit à l’instant même où Yuri lui avait proposé de faire renvoyer ses affaires. Alors c’était ainsi ? Après plus de huit mois cote à cote, Yuri le dégageait si facilement ? C’était injuste ! C’était inadmissible ! C’était immoral ! La vive réaction de Viktor n’était que le reflet de sa trop grande souffrance. Il avait était incapable de contenir cette mise à l’écart par son patineur. Au delà de ce sentiment d’abandon, Yuri venait de le mettre face à sa propre incompétence. S’il était un patineur d’excellente renommée, comme entraineur il ne valait pas un clou. Il avait cherché à être le meilleur pour Yuri. Il n’avait eu de cesse de vouloir se comporter au mieux avec lui. Au plus de ses attentes et de ses besoins. Mais cela n’avait pas été suffisant. Ça n’avait pas permis à son protégé d’obtenir la médaille d’or.

La médaille d’or…. Pour Yuri ce n’était pas simplement un trophée qui pendait autour de son cou. C’était bien plus que ça. Si cette victoire avait tellement d’importance pour le japonais c’était pour tout ce qu’elle était en mesure de lui apporter. La reconnaissance de ces paires. L’aboutissement d’un long travail. La considération. L’obtention, enfin, de la confiance en soi dont il était démuni…. Et pourtant, Yuri n’avait pas réussi. Viktor n’avait pas pu le lui offrir….

Debout en face de lui, Yuri paraissait dévasté. Il ne bougeait plus, il restait stoïque. Les mots de Viktors avaient été durs, aiguisés comme des lames de rasoirs. Le russe les avait regretté à l’instant même  où ils avaient franchi ses lèvres. Il savait que trop bien quel allait être l’impact de telles mots sur un Yuri déjà si accablé. Viktor avait toujours songé que le cœur d’un patineur était fragile comme de la glace. Celui de Yuri venait très probablement d’éclater en poussière sous la cruauté des paroles qu’il venait de recevoir.

En face de lui, Viktor ferma les yeux. Il regrettait tout. Il regrettait de lui avait aboyé dessus de façon si infâme. Il regrettait d’être incapable de le serrer dans ses bras. Il regrettait de ne pas pouvoir le supplier de le pardonner. Il regrettait qu’un mur ne se soit pas trouvé entre eux deux. Un rempart capable de filtrer ces mots éhontés qu’il avait prononcé.

Viktor ne pouvait s’empêcher de s’insulter mentalement. Rien ne saurait réussir à excuser ce qu’il venait de faire. Il y aurait un avant et un après…. Il le savait….

Avant…. C’était le temps de sourires. Le temps de la confiance. Le temps des étreintes et de la joie de parcourir le même chemin ensemble.

Et après, qu’est-ce que ça serait ? Le temps de l’ignorance ? Le temps de la souffrance ? Celui de la perte de l’autre et des ténèbres insondables dans lesquels ils seraient condamnsé à se réfugier pour oublier cette matinée horrible ?


« C'est vrai, je suis le seul fautif, je n'ai jamais dit le contraire. C'est moi qui patinait, c'est moi qui me suis planté. Fin de l'histoire. »

Non…. Non… c’était faux. Bien sûr que c’était lui qui patinait. Mais la responsabilité était autant celle de Yuri que celle de Viktor. Mince…. Pourquoi avait-il été lui sortir de tels propos ? Yuri souffrait déjà d’un réel manque de confiance en lui, maintenant ça allait être encore pire…

« Tu as raison, je t'ai toujours envié. Te voir à Hasestu c'était comme un rêve devenu réalité. Mais je me rend compte que les rêves de gosses ne sont pas fait pour se réaliser. La réalité c'est plus que quelques efforts et belles paroles. La réalité fait mal. »

Viktor ne pouvait que lui donner raison sur ce point. La réalité faisait mal. Extrêmement mal…. Jamais il n’avait ressenti un tel amalgame de sentiments. La peur… L’incompréhension… La rage… L’envie de s’enfuir… Le sentiment d’étouffer… Et l’impression d’être la pire personne au monde….

Le cœur d’un patineur est fragile comme de la glace….. Celui de Yuri était déjà en morceau. Celui de Viktor venait de se briser de façon irréparable. Debout devant celui qu’il avait protégé pendant tout ce temps, il était capable de faire quoique ce soit. Il ne savait plus… Perdu dans un océan d’incertitude Viktor était paralysé. Pourquoi Yuri voulait-il changer ses billets d’avion ? Ne voulait-il pas repartir au Japon ? Ou…pire que tout… ne voulait-il simplement plus voyager à côté de lui. La simple pensé d’une proximité restreinte entre eux était insupportable aux yeux du patineurs ? Etaient-il vraiment tombés si bas ?

Viktor tourna la tête sur le côté, incapable d’affronter le regard noisette de son…. rival ? C’était horrible… Comment quelques mots pouvaient conduire à une telle situation ? Malgré ce que Yuri lui avait demandé, l’entraineur russe ne se déplaça pas sur le côté. Son corps bloquait toujours l’accès à la porte.

« Il ne tenait qu’à toi de faire en sorte que ce rêve continu à être réel…. Je suis venu à Hasetsu pour toi… Je n’avais rien à y gagner. J’avais même tout à y perdre. C’est parce que j’ai cru en toi que je me suis battu envers et contre tous pour arriver ici »

Les cheveux gris de Viktor dissimulaient une partie de son visage qu’il gardait rivé vers le mur de la chambre d’hôtel. Comment pouvait ton choisir une couleur si affreuse en guise de papier peint ? Ou bien est-ce lui qui la trouvait soudainement horrible… Tout comme il trouvait immonde tout ce qui l’entourait depuis que Yuri l’avait repoussé.

«  Me laisser tranquille…. »

Un petit rire nerveux s’échappa des lèvres de l’ancienne star du patinage. Il se passa rapidement une main dans ses cheveux avant de tourner la tête vers le japonais

« Comment pourrai-je être «  tranquille » ? »

Viktor n’arrivait pas à croire les mots que Yuri venait de prononcer. Il n’arrivait pas plus à croire que cette dispute était réelle. Jamais, en huit mois, ils ne s’étaient disputés. Pas un mot plus haut que l’autre. Pas de crise, de colère, de rage, de conflit…. Juste de l’affection. Du respect. De la tendresse. De l’attention…. Et maintenant, tout cela n’était plus que du vent….

« Ne t’en fais pas …. Tu n’auras pas besoin de changer ton billet. Je ne retourne pas à Hasetsu… »

C’est bel et bien ce que Yuri désirait non ? Rester le plus éloigné possible de lui. Même si Viktor en souffrait de tout son être, il pouvait au moins lui accorder cette dernière attention et volonté…

« Je te demande juste…. de bien vouloir prendre soin de Makkachin jusqu’à ce que je puisse venir le chercher…. »

La boule qu’il ressentait dans l’estomac devenait de plus en plus douloureuse. Il se sentait nauséeux et jamais il n’avait ressenti l’envie de prendre Yuri contre lui.

« Pourquoi lutter ? »

Abandonner ou continuer à lutter ?

○ feat. Yuri Katsuki ○

●●●Qu’allait-il advenir de Viktor maintenant ? Jamais il n’avait songé une seule seconde quitter Yuri après le Grand Prix. Reprendre le patinage comme on ne cessait de le lui demander ? Dans la tête du russe tout avait été clair depuis le début : sa carrière dans le patinage prendrait fin en tant qu’entraineur le jour où Yuri déciderait de prendre sa retraite sportive. Il n’avait jamais été question que ce rôle de coach soit qu’une parenthèse dans sa vie. Ce n’était pas une ellipse vouée à aider Yuri avant qu’il ne puisse reprendre le chemin de la compétition. Non…. Il avait aspiré à plus…. Et il ne s’en était d’ailleurs pas caché. Yuri lui-même était au courant de ses intentions depuis que Viktor le lui avait avoué lorsqu’ils s’étaient retrouvé à l’aéroport après la coupe de Russie. Dans les bras l’un de l’autre, Viktor lui avait clairement dit ne pas vouloir le quitter et de pas désirer qu’il prenne sa retraite pour rester le plus longtemps possible à ses cotés.

Il avait cru, un peu naïvement sans doute, que ce sentiment était partagé par le japonais. Ses joues rougies et ses yeux brillants d’émotion. N’importe qui aurait songé que les sentiments étaient réciproques. Et pourtant, c’était bien ce même Yuri Katsuki qui venait de l’éconduire en lui faisant comprendre que ses affaires devenaient encombrantes à Hasetsu et qu’il était plus que tant de venir les récupérer….

Ce même Yuri Katsuki qui, pas plus tard qu’il y a deux jours, lui avait passé un anneau au doigt avec la promesse inavouée de ne jamais plus se quitter. Ou bien n’était ce qu’un charme ? Un sortilège pour éloigner la malchance et rien de plus ? Viktor s’était amusé à prendre cet anneau comme une bague de fiançailles. Avec les autres patineurs en guise de témoins, il avait même déclaré être prêt à l’épouser s’il remportait la médaille d’or. Viktor s’était attendu et préparé à un refus mais rien… Yuri avait rougit sans pour autant démentir. La possibilité qu’il ne soit pas contre un éventuel mariage était-elle réalisable ?

Mah… Tout ça n’appartenait plus qu’au passé. Yuri était arrivé quatrième. Non…. Ils étaient ensemble arrivés quatrième. C’était bien trop facile de rejetter toute la faute sur celui qui avait les patins aux pieds. La réalité était tout autre. Ils s’entrainaient ensemble. Ils gagnaient ensemble. Ils perdaient ensemble….

Perdre…. C’était quelque chose à laquelle Viktor n’avait jamais été habitué. Son talent prodigieux pour le patinage l’avait hissé aux sommets de ce sport artistique. Il avait décroché l’or à chacune des compétitions mondiales. Il ne savait pas ce qui lui faisait le plus plaisir. Gagner une médaille au Grand Prix et être reconnu comme était le meilleur par ses paires. Ou gagner une médaille au Jeux Olympiques et représenter fierement la Russie dans cette compétition ancestrale.

Mais perdre… ça n’avait jamais fait partie de sa carrière. En somme, si Viktor apprenait à Yuri quel était le gout de la victoire, Yuri, lui, lui apprenait quelle était l’amertume d’un échec. Après tout, perdre ou gagnait était-ce vraiment ce qui était le plus important ? La défaite aurait dû servir de tremplin et de moteur pour avoir encore plus de mordant lors de la prochaine compétition. Alors pourquoi était-ce si douloureux ? Pourquoi est-ce que ça faisait tellement mal ? Pourquoi Viktor et Yuri étaient incapable d’agir autrement qu’en se repoussant mutuellement ?

La réponse frappa Viktor en plein cœur comme s’il s’agissait d’une évidence. Ses yeux se posèrent un instant sur les poings serrés du patineur japonais. L’anneau doré brillait à l’annulaire de sa main droite. Là où, quelques minutes auparavant, un anneau identique encerclait son propre doigt.

Tout était de la faute de ces anneaux-là. C’était à cause d’eux si la défaite était tellement difficile à accepter. Non seulement ces bagues n’avaient pas joué leur rôle de porte bonheur mais en plus la promesse de mariage en cas de médaille d’or tombait lamentablement à l’eau. Viktor avait fait cette proposition avec spontanéité mais sincérité. D’un côté, il avait songé donner à Yuri la plus belle des motivations pour se battre en compétition. Et s’il avait gagné, Viktor l’aurait conduit à l’autel sans flancher ! Mais comme cela n’avait pas été le cas, la déception de ce mariage raté s’ajoutait à celle d’avoir travaillé si durement pour finalement échouer.

Viktor avait du mal à déglutir tout comme il avait du mal à affronter le regard de Yuri qui gardait la tête sur le côté. Jamais le japonais n’avait paru si fragile qu’en cet instant. Bouleversé. Apeuré. Angoissé….. Anéanti.

« J'ai toujours pris soin de Makkachin, ça ne changera pas.  Juste... Ne tarde pas trop. Même s'il aime Hasetsu, il sera triste sans toi. Si tu veux je demanderai à Mari de préparer tes affaires. Ça te fera gagner du temps. »

Une nouvelle fois Viktor eut l’impression de recevoir une lame de poignard en plein cœur. Demander à Mari de préparer ses affaires pour gagner du temps ? Autant dire que c’était une excuse comme une autre pour abréger son séjour forcé à Hasetsu et passer le moins de temps possible sous le même toit. C’était la même chose pour Makkachin. Yuri souhaitait qu’il vienne le chercher promptement pour tourner la page le plus vite possible sur ces quelques mois passés ensemble. C’était délicat de l’annoncer comme s’il se souciait réellement du bienêtre du chien. Mais la véritable raison était toute différente et Viktor l’avait parfaitement compris.

« Justement, je dois moi aussi préparer mes affaires.  Laisse-moi passer. S'il te plait. »

Viktor ne voulait pas. Il ne pouvait pas. Son corps refusait d’obéir. S’il se décalait sur le côté, Yuri allait partir et ils ne pourraient plus jamais se revoir ensuite. Le russe refusait cette possibilité. Non non non et re non !!! Chacun allait reprendre sa vie comme ça ? Après une dispute lamentable dans la chambre d’un hôtel pourri en plein cœur de Barcelone un beau jour de décembre ? Viktor avait horreur du mois de décembre !! Ça avait beau être celui de son anniversaire, c’était quand même le mois de l’année qu’il détestait le plus depuis que son père l’avait quitté la veille d’une finale de Grand Prix il y avait dix ans de ça. Dix ans déjà….Il avait cru qu’aux cotés de Yuri, allait enfin pouvoir commencer à se réconcilier avec ce mois de l’année…. Sauf que… Avec cette dispute entre lui et Yuri, il avait une raison supplémentaire de haïr encore plus le mois de décembre.

Qu’allait-il faire maintenant ? Retourner en Russie et reprendre le chemin de la glace ? Honnêtement Viktor n’envisageait pas sa vie si Yuri n’était pas présent à ses côtés dans un rayon de moins de deux mètres. Alors chacun dans un pays différent…. Sur un continent différent…. Des milliers de kilomètres et une mer les séparant…. Impossible. Vraiment.

« Quand tu viendras chercher Makkachin, préviens-nous. Appelle l'auberge, que mes parents sachent que tu arrives. »

Que mes parents sachent que tu arrives…. Délicate façon de lui faire comprendre que lorsqu’il viendrait, Yuri ne serait pas présent. Non… Il aurait certainement pris soin de s’enfuir loin de Hasetsu pour ne pas se confronter à son ancien entraineur.

Stop… Stop…. STOP ! Il fallait que ça cesse. Toutes ces phrases assassines, tous ses mots lancés avec rancœur, haine, douleur, souffrance…. C’était trop.

Viktor se décala enfin sur le côté. Un pas seulement suffisait à laisser l’espace libre à Yuri de pouvoir s’en aller. Il le savait… Si Yuri franchissait cette porte, jamais plus ils ne se reverraient…

Incapable de résister, Viktor laissa le japonais passer devant lui avant de s’élancer et de l’encercler dans ses bras par derrière. Dans le dos de Yuri, il ne pouvait pas voir son visage ni ses réactions. Ses bras encerclaient le jeune patinage, s’accrochant presque à lui avec un désespoir infini. Sa tête se posa sur son épaule et son visage fut chatouillé par quelques mèches de ses cheveux noirs.

« Peu importe ce que tu penses de moi…. Tu peux me haïr…. Et me détester autant que tu voudras… Je t’ai aimé Yuri… »

Ses bras se crispèrent un peu plus sur lui. Il ne voulait pas le laisser partir. Pitié faites qu’il puisse le retenir… Mais après toutes les méchancetés que sa colère lui avait fait dire, il doutait fort que Yuri aurait encore ne serait-ce qu’une once d’envie de vouloir rester à ses côtés. Et il le comprenait parfaitement… Viktor avait brisé le cœur de Yuri…. Et ce qui est brisé une fois, est brisé à tout jamais…..

« Et je t’aime encore. Tout ce que j’ai fait n’avait que pour seul objectif de te rendre meilleur. Et pas seulement sur la glace… C’est… on s’en fiche du patinage…. Je voulais… que tu aies enfin confiance en toi… que tu vois quelle personne merveilleuse tu es… que … »

La voix de Viktor se fit plus faible, à peine plus audible d’un murmure tremblant entre ses lèvres pincées

« Que tu t’ouvres aux autres….. Que tu t’ouvres… surtout à moi…. »

« Pourquoi lutter ? »