{ rp terminé } Abandonner ou continuer à lutter ? [ Yuri Katsuki ~]

Abandonner ou continuer à lutter ?

○ feat. Yuri Katsuki ○

●●●Autrefois, son père lui avait expliqué que la vie n’était pas une longue ligne droite toute tracée à l’avance. La vie était pleine d’embuches et de pièges qu’il fallait déjouer. Elle possédait des routes montagneuses escarpées difficiles à gravir et des fossés vertigineux qu’il valait mieux éviter. Actuellement, Viktor avait l’impression d’être dans l’un de ces fameux fossés. Il ne savait pas quand sa chute allait prendre fin mais cette sensation de plonger dans un tourment de ténèbres était déplaisante et particulièrement effrayante.

Pourquoi ils en étaient arrivés là. Cette question ne cessait de tourner et tourner encore et toujours dans sa tête. Une médaille d’or valait-elle vraiment la peine de ruiner tout ce qu’ils avaient construit depuis huit mois ? Ils avaient appris à se découvrir, à se connaitre, à s’apprécier…. A s’aimer. Du moins pour Viktor. Yuri ne lui avait jamais pleinement fait part de ses sentiments. Est-ce que Yuri l’aimait ? Pour Viktor, la réponse était évidente : non.

Yuri l’admirait. La nuance était subtile mais belle et bien présente. Là où le russe était tombé amoureux de son protégé, l’inversement n’était pas réciproque pour autant. Yuri, lui, voyait et verrait toujours Viktor comme son idole. Il l’aimait comme n’importe lequel de ses fans sans doute. Avoir osé espérer qu’un jour il puisse y avoir plus entre eux avait été stupide. Réellement. Tout ce que cela lui avait apporté était de la déception et de la douleur….

Serrant Yuri contre lui, Viktor se raccrochait à ce corps rigide qu’il tenait dans ses bras. Il s’accrochait à lui pour ne pas qu’il s’en aille. Il l’encerclait avec l’espoir que cette ultime étreinte le ferait revenir sur sa décision de se séparer sur cette dispute qui venait d’éclater. Chacun des mots qu’avait prononcé Viktor était un cri du cœur. Ça n’effacerait jamais la honte des paroles affreuses et cruelles qu’il lui avait dit plus tôt. Mais il n’avait pas pu s’empêcher de lui avouer pour la première fois ce qu’il ressentait réellement pour lui : de l’amour. Le grand. Le véritable amour.

« Viktor... Arrête. »

Yuri pivota dans ses bras et à son tour il encercla le corps de Viktor. La tête du japonais reposait sur son épaule et le coach posa la tête contre ses cheveux noirs. La sensation était indescriptible. Il n’y avait aucun mot assez puissant pour décrire ce le bienêtre que cette étreinte lui apportait. La chaleur du corps de Yuri avait le don de réchauffer son cœur en lambeau. Pourquoi ne pouvaient-ils pas simplement continuer ainsi ? Comme avant ? Tourner la page et en écrire un nouveau ensemble

« Je ne pourrais jamais te détester, que ce soit aujourd'hui, demain ou dans 100 ans. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un comme toi, et pour ce que ça vaut, tu es le premier à qui je me suis ouvert si facilement, si pleinement. »

C’était déjà affreusement difficile de savoir qu’une nouvelle fois il était responsable des larmes qui roulaient sur les joues du japonais. C’était encore plus dur maintenant d’encaisser ses propos dont il se savait une nouvelle fois le seul et unique responsable … La chaleur dégagée par Yuri toujours contre lui se transforma en un tourbillon de froid qui l’enveloppa.

« Ce qui est fait est fait. On ne peut pas revenir en arrière. Je ne t'en veut pas.  »

Non…. Viktor n’avait pas envie d’entendre la suite. Il savait que ça n’allait pas lui plaire et que ça serait quelque chose d’incroyablement douloureux à entendre et à devoir accepter par la suite.

« Je ne t'en veux pas, mais je ne peux pas rester ainsi non plus. Je vais retourner au Japon, toi en Russie. C'est ici que l'on se sépare.  »

Le cœur d’un patineur se brise comme de la glace….. Celui de Viktor avait par le passé subit plusieurs fissures mais Yuri venait de le faire voler en éclat. Tout n’était plus que désespoir et douleur. Plus jamais rien ne serait comme avant. Les bras du patineur russe retombèrent dans le vide quand Yuri se dégagea de son étreinte pour prendre un peu de distante. Viktor ne l’en empêcha même pas. Le visage inexpressif, les yeux perdus dans le vague et son corps tout entier vide d’expression et de vie…. Il ne sentit qu’à peine les lèvres de Yuri venir déposer sur sa joue ce qui devait être un baiser d’adieu. Viktor n’en voulait pas de ce baiser-là ! Il le refusait ! Il était tellement rare que ce soit Yuri qui prenne les choses en main et montre spontanément un geste affectif. Pourquoi fallait-il que ça arrive quand c’était pour lui dire adieu ?

Une larme coula sur le visage de Viktor. Il n’avait plus versé une seule larme depuis dix ans. Pourquoi est-ce que faisait si mal ? Est-ce que Yuri ressentait aussi cette douleur là ou bien était-il le seul à en souffrir ? Et comme si cela ne suffisait déjà pas, le japonais ajouta une dernière phrase afin de bien enfoncer le couteau dans la plaie

« Je te souhaite une longue et heureuse vie Viktor.  »

Une longue…. Et heureuse vie. Parce qu’il croyait vraiment que c’était possible sans lui ? Parce que Yuri songeait sérieusement que Viktor allait pouvoir se reconstruire loin de lui ? Comme si cette journée maussade ne serait qu’un cauchemar rapidement oublié ?

Yuri lui tourna le dos et posa sa main sur la poignée de la porte qu’il tourna, prêt à partir. Mais d’un seul coup, Viktor réalisa que si Yuri franchissait cette porte, il ne le verrait plus jamais. Il réalisa que cet adieu n’était pas juste quelques mots lancés à la volé. Il réalisa que dès que Yuri serait parti, plus jamais il ne reverrait ses yeux noisettes, son sourire, son rire si beau et pourtant si rarement entendu, il ne pourrait plus respirer son parfum ou sentir sa chaleur dans ses bras….

Sans réfléchir à ce qu’il faisait, Viktor saisit Yuri par le poignet et l’obligea à se retourner. Sans attendre et sans lui laisser la possibilité de riposter, il posa ses lèvres sur les siennes tout en encadrant délicatement son visage noyé de larme de ses mains encore fébriles et tremblantes. Un baiser…. Un baiser volé… Tout ce qui lui resterait de Yuri….

Le baiser dura quelques secondes durant lesquelles leur deux visages inondés de larmes s’étaient joint une toute dernière fois. Viktor finit par se redressa et reculer de quelques pas. Son regard turquoise croisa celui du japonais. S’il continuait de le regarder, Viktor serait incapable de le laisser s’en aller…

Il ressuya rapidement son visage avant de s’appliquer à afficher un sourire sur ses lèvres. Il ne voulait pas que Yuri garde de lui une image déplorable d’un homme effondré par le chagrin. Un sourire… Même s’il était faux, même s’il était crispé… mais un sourire quand même. Il essaya de parler d’une voix audible. Mais les tremblements de celle-ci fit de sa pitoyable tentative un échec complet

« Je te souhaite d’être le plus heureux du monde…. Tu le mérite tellement … »

C’était dur…. Tellement…. Viktor essaya de se passer la main sur ses yeux puis dans les cheveux et sur la nuque pour se donner un peu de contenance. Tout n’était qu’apparence mais ce devait être encore plus difficile à vivre pour Yuri, si fragile de nature, que pour lui. La moindre des choses à faire était encore de ne pas l’accabler davantage.

«  Va t’en Yuri….. Si tu restes là… je crois que je ne vais pas être capable de te laisser partir. Je ne te repousse pas. Je ne te rejette pas. Je veux juste ce qu’il y a de mieux pour toi »

Avec une mine profondément désolée et un sourire plus crispé que jamais, Viktor s’appliqua à ajouter

« Ce qui inclus de ne plus rester avec moi. C’est ce que tu veux n’est ce pas ? Alors va t’en…. S’il te plait »

Il n’attendit pas que Yuri franchisse la porte. Il préféra lui tourner le dos pour aller s’asseoir sur le rebord de son lit. Tout son monde s’effondrait. Ses repères. Sa personnalité, Sa vie…. Tout…. Dans sa tête tout était vide. Autour de lui tout était qu’ombre. Il n’entendait plus rien et ne savait pas si Yuri était effectivement parti ou non. Pourquoi est-ce que c’était si compliqué ? Pourquoi est-ce qu’il avait été incapable d’éviter une telle crise ? Il ne lui restait plus rien de Yuri. Il ne lui restait plus que cet anneau doré qui reposait sur la table de chevet. Viktor s’essuya le visage d’un revers de bras avant de tendre sa main vers le bijou. Un anneau, un porte bonheur, une bague de fiançailles ou une alliance. Ce bijou avait été une promesse pour leur futur. Il était devenu qu’un souvenir de leur passé.

Le cœur en miettes et l’esprit fatigué, Viktor glissa la bague à l’annulaire de sa main droite. C’était tout ce qui lui restait de Yuri… Il chérirait ce bijou et ce souvenir bien plus que sa propre vie.

« Pourquoi lutter ? »